Le glyphosate : diminution de la consommation et techniques alternatives    

 L’utilisation des produits phytosanitaires a connu un premier recul en France au cours des années 2014 et 2015. C’est une bonne nouvelle pour les agriculteurs premiers touchés par les effets des substances. Par ailleurs, des techniques récentes basées sur de nouvelles générations de bineuses permettent de nettoyer les interrangs à des stades de culture plus précoces.

Par la rédaction

Les dangers du glyphosate de mieux en mieux cernés


Le 20 mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a fait paraître une évaluation de la dangerosité de cinq pesticides dans la revue de référence Lancet Oncology. Parmi eux le glyphosate est classé comme cancérogène probable chez l’homme en raison de la survenue chez les animaux exposés des tumeurs rénales et pancréatiques, ainsi que de cancers de la peau. Des modifications chromosomiques sont également rapportées. Chez l’homme, les études épidémiologiques sont plus complexes à mener, mais il a déjà été établi que le glyphosate augmente le risque de survenue des lymphomes non Hodgkiniens. Ceci d’après des études menées sur quinze ans au Canada, aux États-Unis et en Suède.

Réduction des herbicides en France : un enjeu de santé publique qui se concrétise lentement. Mis sur le marché en 1972 par Mosanto, le glyphosate est tombé dans le domaine public en 2000. Depuis sa consommation s’est envolée, aussi bien chez les agriculteurs que chez les particuliers. En France 60 % du volume est déversé par ces derniers. Les risques concernent donc en premier lieu les agriculteurs, les jardiniers et les populations à proximité directe des surfaces traitées. Dans une moindre mesure, la population générale est aussi exposée (eau et nourriture). Ainsi pour les eaux rendues impropres à la consommation, le glyphosate est le principal contaminant.

Une adaptation progressive du monde agricole à travers de nouvelles méthodes de protection des cultures

Deux stratégies parallèles sont développées pour diminuer l’utilisation des produits phytosanitaires dangereux : les solutions mécaniques nouvelles (bineuses à deux dents, méthodes à air comprimé), notamment pour les cultures fragiles auparavant systématiquement traitées, et la promotion de la réduction de l’usage des pesticides avec le lancement du plan Ecophyto en 2009 puis le plan Ecophyto 2. Ces deux initiatives gouvernementales ont cependant étaient limitées par l’intense lobbying des multinationales de l’agrochimie, ainsi que par le plafonnement étatique des aides au bio qui subissent de surcroit des retards à la distribution.

Cependant, les agriculteurs sont de plus en plus conscients que le modèle qui leur a été imposé n’est plus viable. Ils se tournent vers des techniques mécaniques plus performantes. La nouvelle génération de pièces et matériels pour l’activité de fertilisation des champs permet de les accompagner dans des traitements plus respectueux de l’environnement. Utilisés dans les fermes-pilotes Dephy, ces matériels permettent de réduire la fréquence des traitements (de 11 % à 33 %) sans impact sur la productivité.

Dans le domaine du désherbage mécanique, la herse étrille est le premier matériel en usage. Elle permet d’arracher les pousses dès le stade de la plantule. Les dents vibrantes et souples réglables s’adaptent au sol. Elle peut s’utiliser sur des cultures au feuillage résistant (oignons, pois, haricots, choux, etc.). Sur les cultures maraîchères à rang, la bineuse-sarcleuse est l’outil de prédilection. Les dents courbées à 90° sont adaptées pour passer très près des cultures. En complément, la bineuse à doigts qui comporte des dents montées sur disques permet d’éliminer toutes les adventices résiduelles. Utile pour les herbes déjà hautes, la bineuse à brosse s’avère d’un maniement plus délicat et nécessite souvent deux opérateurs. Les projections de poussière demandent une aspersion préalable si possible. Les désherbeurs thermiques manuels ou tractés sont très efficaces sur les faux semis, car ils ne provoquent pas la remontée de nouvelles graines adventices, inévitable avec le binage ou le sarclage. Cependant, les conditions d’utilisation sont délicates (risque d’incendie).